Analyse de "53- Mettre en scène l’information pour mieux la comprendre. Séance 1 : Des médias, des informations" (2014)

Cadre

Savoirs visés

Enseignement

Apprentissage

Commentaire

Présentation de la fiche 

• N.B. : nous n'avons retenu de cette séquence que la séance 1 « Des médias, des informations ». Nous ne traiterons donc pas, du moins cette fois-ci, des deux autres séances.
• La séquence ne semble pas avoir été encore expérimentée si l'on en juge par les prescriptions très larges qui sont données en matière de niveau d'élèves (3ème et/ou 2nde), de cadre pédagogique ou d'interdisciplinarité.
• Après une courte introduction, la fiche de présentation de la séance s'inspire du schéma classique, facilitant ainsi la lecture et la compréhension. Les différentes phases qui composent la séance sont très distinctement identifiables et leurs contenus suffisamment abondés, de sorte qu'il est aisé de suivre et de se représenter le scénario pédagogique.
• Tous les outils didactiques accompagnant la séance (une fiche élève et une présentation animée) sont disponibles en ligne.

Déroulement de la séance 

• La séance dure deux heures qu'il est préférable de séparer d'une semaine, afin que les élèves aient le temps de finaliser le diaporama qu'ils ont réalisé pendant la première heure et de se préparer à leur présentation orale.
• Le déroulement de la séance est assez classique : après un court moment de présentation de l'objet d'étude (la Presse en tant que média de masse), les élèves tentent d'en cerner les contours en s'appuyant sur des études de cas, en l'occurrence des médias sources, par exemple tel ou tel titre de presse en ligne. Ils préparent ensuite un diaporama rassemblant les informations collectées qu'il présenteront oralement en deuxième heure. Chaque équipe ayant choisi de traiter un seul sous-type du média Presse ( pure player, agence de presse, média citoyen ou presse radio), la mise en commun s'opère au moyen d'une prise de notes de chacun pendant les exposés ; ils doivent renseigner une fiche récapitulative des caractéristiques de chaque sous-type présenté par leurs camarades. Cette prise de note synthétique se fait à partir d'une grille fournie par l'enseignante. A la suite de quoi, une correction de la prise de notes se fait collectivement, donnant certainement l'occasion de structurer le savoir de référence et de fixer le vocabulaire spécialisé.
• Enfin, un très court moment d'expression orale permet à chacun de prendre conscience de ce qu'il a appris ou découvert pendant cette séance : A travers le brouillard, j'ai découvert aujourd'hui ... 

Objectifs d'apprentissage 

• Les objectifs d'apprentissage indiqués dans la fiche paraissent pertinents au regard des tâches proposées. Seules les notions pointées nous semblent manquer de précision, comme « Information » au lieu de « Information journalistique » et « Média » au lieu de « Média de masse » (voir rubrique suivante).
• Le tableau de synthèse (FE 1) proposé aux élèves pour consigner leur prise de notes est très complet. Pour titrer la deuxième page, nous utiliserions la notion « Organisation de l'information » (Clouet et Montaigne, 2006) plutôt que l'expression « mise en scène ».

Didactisation du savoir 

• Noter la définition de notion visée – et sa référence – sur la fiche pédagogique est fort appréciable (partie 1-2), autant pour soi lorsque l'on réalise la séance que pour les collègues à qui la fiche publiée est destinée. Pour autant, la référence relative à une notion enseignée dans le cadre de l'information-documentation devrait appartenir au champ de sa didactique ou bien provenir des sciences de l'information et de la communication. On est dès lors très étonné de constater que la définition de « Média » est ici tirée d'un blog politique dont l'auteur est un « cadre supérieur en contrôle de gestion ». Imaginerait-on une telle situation dans une autre discipline ?
• Plus largement, toute la partie didactique de cette séance nous paraît un peu fragile. La notion Média est prise ici dans un sens commun selon lequel tout est média et surtout ce qui relève de la presse. S'agissant de la presse justement, il conviendrait plutôt de la présenter comme l'un des types de « Média de masse » (autrefois « *mass media* »), au même titre que l'édition, l'affichage, la radio et la télévision. Mais si le journal Le Monde par exemple, est un média, il n'est pas pour autant un média de masse. Il s'agit alors d'un « média source », c'est à dire une entité constituant une source de diffusion d'information servant une vision du monde et des intérêts particuliers au travers d'un discours original qui le distingue de ses concurrents. Chaque titre de presse est un média source, de même que chaque chaîne de télévision, chaque station de radio ou chaque maison d'édition l'est pour les autres médias de masse correspondants. Voici une distinction qu'il faudrait enseigner aux élèves et, du même coup, les intéresser aux autres médias de masse que la presse et aux caractéristiques qui les unissent. De même, il reste à distinguer ces médias de diffusion de masse des médias de communication de masse au rang desquels on trouvera le web ou la messagerie. Lire à ce propos la fiche n°51 sous la même rubrique.
• Pour en revenir à notre fiche, nous notons que les objets donnés à étudier aux élèves, tels la presse écrite en ligne, la presse radio et les pure player, sont également appelés « médias ». Précisons alors que, de même que Presse est un type de Média de masse, un pure player est un type de Presse, donc un sous-type de média de masse. Une simple carte conceptuelle permettrait de clarifier ce concept qui en a bien besoin.
• Deux autres notions d'importance, « Organisation de l'information » et « Information journalistique », ne sont qu'approchées lors de cette séance. Tandis que la seconde court en filigrane tout du long sans être jamais précisée (ou rappelée), la première fait l'objet d'un travail spécifique dans le tableau de synthèse (FE 1), au chapitre « Mise en scène » dans les items « Hiérarchisation » et « Mise en page ». Elle aurait donc pu faire l'objet d'une structuration du savoir, puis des connaissances, mais cela n'a pas été le cas.

Méthode pédagogique 

• La tâche proposée consistant à faire émerger le savoir scolaire de référence d'une observation et d'une analyse incite à qualifier la méthode employée ici d'active et de type observationnel, bien que l'approche soit assez fortement guidée.

Structuration des connaissances 

• La parole donnée individuellement à chaque élève en toute fin de séance pour lui faire exprimer ce qu'il a « découvert » est très proche d'une situation de structuration cognitive (partie 2-4). Mais elle est tellement brève qu'on ne peut espérer qu'elle ait effectivement lieu. Qui plus est, la question qui génère cette expression est centrée sur ce qui aurait été découvert plutôt que sur ce qui a été compris. Enfin, on interdit ici aux élèves de reformuler ce qu'auraient dit ceux qui se sont exprimés avant, ce qui freine toute verbalisation personnelle.
• Favoriser la structuration des connaissances est un moment essentiel de toute situation d'apprentissage. Il accompagne un passage du concret, contextualisé dans un exemple, vers une abstraction, forcément décontextualisée. Pourrait-il exister un apprentissage quelconque sans réappropriation, par le langage, d'une généralisation qui se fait concept scientifique ? Tout l'effort de l'école et des disciplines, et l'information-documentation ne saurait y échapper, consiste à s'éloigner de la notion de sens commun, avec son vocabulaire imprécis, pour se rapprocher du concept, véritable outil intellectuel d'émancipation de l'esprit.
• Pour améliorer cette proposition de séance, il serait donc intéressant d'aménager un moment de structuration cognitive pour lequel on demanderait à l'élève, par exemple, de tirer parti du tableau de synthèse qui a été collectivement renseigné (FE 1) pour rédiger une définition de la notion de Média de masse mobilisant les principales caractéristiques listées : « A travers le brouillard, j'ai compris aujourd'hui ce qu'est un média de masse. C'est... »
• Notons enfin que les notions secondaires « Organisation de l'information » et « Information journalistique » n'ont pas fait l'objet d'une structuration.

Conclusion 

• Moyennant quelques reprises didactiques au sujet des notions visées, le scénario de cette séance gagnerait à être repris et testé à partir de la 3ème. Pour ce niveau cependant, il serait peut-être plus prudent de guider les élèves vers un corpus de ressources pertinentes, adaptées à leur niveau, afin qu'ils se dispersent moins et qu'ils trouvent rapidement une matière plus dense pour les exposés et la synthèse qui suit.

Ressource(s)

Ressources didactiques

• Duplessis Pascal et Ballarini-Santonocito Ivana. Dictionnaire des concepts infodocumentaires. SavoirsCDI. s.v. Média
• FADBEN. Wiki infodoc. FADBEN. s.v. Média
• Mulot Hélène. Les émetteurs d'information en ligne (ou la notion de source à partir de Google Actualité). 27 Septembre 2012.

Ressources scientifiques

• Allemand Laetitia, Oullion Jean-Michel. Les grandes questions des médias : enjeux et stratégies des médias contemporains. L'étudiant, 2005. Les guides de l'étudiant
• Conseil Supérieur de l’Éducation aux Médias. Les compétences en éducation aux médias. CSEM, 2013. « Qu'est-ce qu'un média ». p. 6-12
• Fastrez Pierre, De Smedt Thierry. Les compétences en littératie médiatique : de la définition aux nouveaux enjeux éducatifs. *Mediadoc*n°11, 12-2013

site académique

Cattet Christine, Lacrosse Cécile, Ouvrard Laurence. Mettre en scène l’information pour mieux la comprendre. Missiontice.ac-besancon.fr, 2014