Commentaire
1- Présentation de la fiche
Cette fiche de préparation est tirée du blog bien connu de l'auteure. A la différence des autres blogs de cette nature, l'auteure présente non pas un compte-rendu sous forme de billet mais une véritable fiche pédagogique présentant une structure classique et lisible. La séance a été réalisée et un court bilan est présenté. On aura tout intérêt à télécharger la fiche pédagogique qui apporte, dans le chapitre « Déroulement », d'importants compléments au sommaire de la page. La fiche élève se trouve sur le même fichier. Un autre fichier à télécharger concerne cette fois l'évaluation. Nous disposons ainsi d'un ensemble complet, très accessible et facilement exploitable.
2- Le déroulement
La séance est découpée en trois parties, chacune axée sur un thème particulier :
- 1 le média (de masse)
- 2 l'information (journalistique)
- 3 le rôle des médias et celui de la publicité dans leur économie.
L'articulation entre les parties 1 (Média) et 2 (Information) n'est pas sensible sur la fiche alors qu'elle a dû être verbalisée, permettant une transition logique. Pour autant, la partie 3 (rôle et financement), après un détour par l'information journalistique, revient aux médias de masse de sorte que l'on se demande si la partie 3 ne devrait pas suivre immédiatement la partie 1, assurant ainsi une continuité logique plus évidente. La partie 2 (Information) serait alors traitée en tout début de séance, ou dans une autre !
3- Les objectifs d'apprentissage
- Les objectifs d'apprentissage de cette séance sont de nature exclusivement déclarative (savoirs théoriques). Ils visent la construction des notions Information journalistique et Média de masse. Dans notre présentation, nous avons fait le choix de les reformuler afin d'apporter des précisions dans l'appellation de ces notions. Il importe en effet que, dès la 6ème, les notions communes d'information et de média tendent vers des savoirs scolaires spécifiques, repérables par une terminologie relevant d'un champ disciplinaire particulier. Pour ce qui est de la publicité, puisque son champ se limitait ici à son rôle dans le financement des médias de masse (auquel il faudrait ajouter les autres sources de financement que sont la redevance publique ou l'offre payante pour certains), nous avons préféré la notion Économie de l'information.
- Le questionnaire QQCOQP, pour lequel on gagnerait à se référer au sociologue H. D. Laswell afin de rester en SIC, plutôt qu'à Quintilius, est abordé dans cette leçon pour caractériser l'information journalistique. Il renvoie à la notion d'organisation de l'information. Mais cette notion n'étant pas opératoire ici et ne faisant pas l'objet d'un véritable travail, nous ne l'avons pas inscrite au nombre des objectifs.
- Les notions Information journalistique et Média de masse, nous le verrons ci-après, sont aussi fondamentales que complexes. Les traiter toutes deux en une seule séance nous apparaît dès lors un peu forcé. Sans doute serait-il préférable de leur dédier un peu plus de temps chacune, si faire se peut, ce qui permettrait un traitement plus approfondi ainsi qu'une entrée par des activités de découverte.
4- Enjeux didactiques
Information et Média sont deux notions organisatrices de poids pour l'enseignement de l'information-documentation.
- La première, Information, a été bien vite consacrée par les premiers travaux didactiques des années 2000 comme l'un des deux principaux concepts intégrateurs de la discipline, avec Document. Par contre, si l'on en juge par les publications pédagogiques des professeurs documentalistes, son enseignement est très peu présent dans le secondaire. Quand il existe, comme dans le cas présent, c'est plutôt au travers de l'un de ses types, le type journalistique et dans un cadre didactique, l'éducation aux médias (EAM), laquelle est ressentie comme une matière à part de l'information-documentation alors qu'elle en fait épistémologiquement partie. On peut s'étonner de ce traitement particulier du type journalistique et se demander comment construire le savoir scolaire de l'information sans le penser d'abord comme une notion en soi, qui devrait pour le moins être envisagée sous plusieurs angles :
- ses caractéristiques : contenu, transmission, usages ;
- sa nature cognitive : distinction entre donnée, information, connaissance et savoir ;
- ses formes : verbale, iconique, sonore ;
- ses types (liés au contexte de production) : documentaire, journalistique, spécialisé, fictionnel, stratégique, politique, promotionnel, économique, etc.
- ses modalités d'inscription : écrite, orale, audiovisuelle ;
- ses codes : linguistique, alphabétique, analogique, numérique ;
- ses fonctions : didactique, culturelle, politique, pratique ;
- son rôle dans la communication : au minimum un message qu'un destinateur adresse à un destinataire et qui, encodé, est véhiculé par un canal de transmission
- Le média, quant à lui, semble une notion organisatrice en émergence, poussée par l'arrivée de ce que l'on appelle encore les « nouveaux médias ». Là encore, elle ne semble véritablement perçue, enseignable, que dans le cadre de l'EAM, et plus récemment de l'EMI, sous deux de ses dimensions qui sont le média de masse (cas présent s'agissant de la presse) et le média source (un acteur médiatique diffusant de l'information). La première dimension, Média de masse, relève de ce que l'on a longtemps appelé « *mass média* », ces moyens de diffusion à grande échelle de contenus d'information (documentaire, journalistique, promotionnelle, etc.), de culture et de divertissement. Ils sont principalement représentés par la télévision, la radio, le cinéma, l'affichage et la presse. Leur particularité est de privilégier la diffusion plutôt que la communication sur une logique de push et un modèle de un vers tous. Internet et le web présentent un type nouveau et particulier puisqu'ils permettent, notamment depuis le web 2, une véritable communication entre les usagers connectés ainsi qu'une réciprocité entre l'émetteur et le récepteur. Il est alors possible d'opposer à ces « médias de diffusion » traditionnels (cinéma, télévision, radio, presse, édition, affichage) les « médias de communication » (internet, téléphone, messagerie), ceci afin de permettre aux élèves de situer la presse traditionnelle au regard d'internet qu'ils connaissent mieux.
- La deuxième catégorie, « média source », vise à identifier les nombreux acteurs particuliers qui composent un média de masse et qui constituent autant de sources de diffusion servant des intérêts publics et privés. Il s'agit des titres de presse, des chaînes de télévision, des stations de radio, des agences d'affichages et des productions de cinéma. Pour les différencier des médias de masse, on les nomme « médias sources » ou, du point de vue des annonceurs publicitaires, des médias supports.
- Afin de rappeler que tout média repose d'abord sur une technologie, la dimension première de média technologie pourrait également être présentée. Elle concerne plus particulièrement le type de canal technique qui permet la diffusion des contenus, tels le câble, le satellite, les ondes hertziennes, l'imprimé ou encore le réseau internet.
- Ainsi, employer l'appellation de « média » seule apporte une équivoque entre des réalités distinctes. Au-delà des trois dimensions que nous venons de passer en revue, il resterait encore à présenter la notion générale de Média au travers de ses caractéristiques communes, dont celle d'être, pour le moins, un dispositif technique permettant la diffusion et/ou la communication d'informations.
- C'est ce que fait très simplement le Conseil supérieur de l'éducation aux médias belge en s'appuyant sur les récents travaux de Pierre Fastrez et Thierry de Smedt (2013). Cette brochure rappelle qu'en premier lieu, un média peut tout aussi bien être un document (photo, film) qu'un dispositif médiatique (appareil photographique et galerie photo, caméra et salle de cinéma). Ensuite, que chaque média doit être considéré à la fois comme un objet informationnel de par sa fonction de représentation (il est conçu pour représenter un objet réel ou imaginaire autre que lui-même), un objet technique en tant que support (il repose sur une technologie et des dispositifs techniques) et un objet social inscrit dans un contexte communicationnel, reliant les personnes entre elles et leur permettant d'interagir.
- Par ailleurs, l'une et l'autre de ces notions gagneraient, pour que leurs fonctions soient comprises des élèves, à être inscrites dans le cadre théorique de la communication au travers de schémas représentant notamment les types de diffusion induits par les différents médias :
- schéma simplifié de la communication (Shannon), de un vers un et de type horizontal et linéaire, pour la téléphonie, le courrier postal, la communication orale, etc.
- schéma de la diffusion de un vers tous, de type vertical et linéaire, pour les médias de masse classiques (TV, radio, presse imprimée, affichage, etc. )
- schéma de la communication en « réseau », pour le web
- Pour ce qui est de la publicité, on peut construire un schéma vertical où l'agence de publicité s'appuie sur différents « supports » (médias sources) pour diffuser vers tous.
5- Le niveau de formulation
Des propositions pour les niveaux débutants ont été faites ces dernières années concernant Information et Média (voir les ressources ci-dessous), mais pas à notre connaissance pour Information journalistique et Média de masse. Il est donc intéressant ici de voir proposer un niveau de formulation pour Média (de masse) :
- « Un média est un moyen de communication qui diffuse des informations et qui s’adresse à un large public. »
et un autre pour Information (journalistique) :
- « L’information (dans le sens journalistique) est soit un fait observable et vérifiable (ex : la météo, un fait divers, etc.), soit un avis argumenté (c’est-à-dire qui est justifier avec des arguments ou des preuves). »
A titre indicatif, et pour prolonger cette réflexion, nous proposons les énoncés suivants comme base d'évolution au niveau 6° :
- L'information journalistique est une information traitée et rédigée par un journaliste.
Elle décrit et explique un fait observable et vérifiable (ex. la météo, un événement sportif, politique...). Elle peut aussi permettre à chacun de se faire une opinion.
- Un média de masse est un moyen de communication, qui utilise une technique (par exemple la télévision, la radio, l'affichage, le cinéma, la presse...) et qui permet à une source (une station de radio, une chaîne de télévision...) de diffuser des informations en s'adressant à un large public.
6- La méthode
- La méthode employée pour cette séance est typiquement interrogative, de type dirigé, et s'articule en deux temps. Le premier consiste en une quasi exposition des contenus par l'enseignante, appuyée sans doute par des interactions avec la classe, par exemple « Demander aux élèves d’identifier les médias ». On s'assure de la bonne réception des élèves par une prise de notes guidée s'appuyant sur une fiche guide proposant des textes à trous. Le deuxième temps est un temps de consolidation de ce qui vient d'être expliqué. Des exercices d'application, simples et rapides, sont censés permettre aux élèves de se réapproprier ces contenus.
7- L'évaluation
- Une évaluation sommative est réalisée au début de la séance suivante, ce qui permet de mieux mesurer l'appropriation des connaissances ; elle prend la forme d'un questionnaire composé de six questions reprenant, dans le même ordre que celui du cours, les points principaux exposés.
- La question 1 n'est qu'un exercice à trous, mais trois autres items demandent aux élèves de rédiger des phrases (QROC). Ceci peut en effet les aider à structurer leurs connaissances. D'autres items (QCM) demandent une simple reprise des contenus du cours.
- Cet exemple d'évaluation écrite pose une question didactique fort intéressante : savoir ce que l'on doit évaluer et comment, de la mémorisation et/ou de la compréhension.
- Pour l'item n°6 sur le questionnaire QQCOQP par exemple, on pourrait également imaginer de fournir aux élèves d'un côté deux courts chapôs d'articles de presse enfantine et de l'autre l'ensemble des 6 questions, avant de leur demander de comparer les deux chapôs et d'argumenter à propos de leurs mérites respectifs.
Conclusion
Une séance pédagogique qui, si elle peut paraître ambitieuse compte tenu du faible temps imparti, a le mérite de pointer deux notions essentielles dès le niveau 6ème et de proposer des outils simples et adaptés à ce niveau pour accompagner les acquisitions et les évaluer. La perspective didactique devrait faire l'objet d'approfondissements lors d'une reprise de la séance.