Analyse de "61- Classer l’information : pourquoi ? Comment ?" (2015)

Cadre

Savoirs visés

Enseignement

Apprentissage

Commentaire

Présentation de la fiche 

• La fiche de préparation prend la forme d'un compte-rendu de séance directement lisible sur la page du site. La fiche élève est à télécharger, ainsi que son corrigé et un fichier pour les images d'animaux.
• Si le compte-rendu se présente comme une fiche pédagogique avec ses différents constituants, le déroulement de la séance n'est par contre pas structuré et il appartient au lecteur d'en restituer les phases (lire plus haut notre proposition). Des aperçus de la fiche élèves, ainsi que des photographies des activités des élèves permettent en revanche de bien se représenter l'activité des élèves.

Déroulement de la séance 

• La séance est introduite par un questionnement sur la notion « Classement » à partir de sa forme verbale « Classer ». Les différents sens rapportés par les élèves sur le dictionnaire (catégoriser, ranger, ordonner) sont inscrits. Ils permettent de sensibiliser les élèves.
• Le chemin vers la généralisation de la notion se fait à partir de deux activités de classement, la première sur des objets communs (cailloux, images, formes), la seconde sur différents types de documents du CDI (livres et périodiques). Les élèves sont invités à prendre conscience que, pour classer, il faut définir des critères. A l'issue de chaque activité, une mise en commun permet de réunir ces critères. La fiche ne précise par contre pas ce qui se dit à propos de cette notion de « Critère » (du grec kriter, “juge” issu de l'Indo-européen kr°, idée de “séparer, cribler”) ni sur la relation qui est faite entre les trois sens donnés en introduction et les classements opérés.
• Une exposition des savoirs par l'enseignante, portant sur les notions de « Cote » et de « Classification » est esquissée en fin de séance, sous la forme de « *compléments* », à partir des retours des élèves sur leurs travaux.

Méthode pédagogique 

• La méthode pédagogique utilisée ici est active. Bien que sensibilisés à la notion de manière expositive au début du cours à l'aide de définitions tirées du dictionnaire, on peut considérer que les élèves construisent principalement la notion par la manipulation et le tâtonnement. De ce fait, la méthode est de type investigative, les élèves ayant pour tâche de proposer des classements à partir de collections non classées.
• Pour aller plus loin avec cette méthode, on pourrait imaginer une introduction et une conclusion différentes de celles proposées ici :
  • en introduction, partir plutôt des représentations des élèves (qu'est-ce que « classer » ? pourquoi classe-t-on ?), de leurs pratiques personnelles – ce qui ferait ressortir la notion de « Collection », utile s'agissant d'un CDI – et des pratiques sociales (classes d'élèves en éducation, classement de joueurs dans le sport, classement d'une affaire en justice, classement en zones en urbanisme, classement au patrimoine dans la culture, mais également le classeur pour trier des documents, le classement alphabétique, le classement des résultats d'un moteur de recherche, etc.) ;
  • en conclusion, construire avec la classe une définition de la notion « Classement ».

Objectifs d'apprentissage 

• Trois objectifs d'apprentissages relatifs à la notion « Classement » sont proposés qui correspondent bien aux activités données aux élèves. Seul le premier, « Comprendre les enjeux du classement » ne semble pas suffisamment trouver d'écho dans la fiche. Sans doute cet objectif est-il travaillé, ou mériterait-il de l'être, lors des deux mises en commun ainsi que dans la définition et les niveaux de formulation qui resteraient à prévoir.

Didactisation du savoir 

• La notion de « Critère », dès lors qu'on fait manipuler les élèves sur divers classements possibles d'objets, paraît fondamentale. Elle irrigue d'ailleurs tout le compte-rendu qui a été fait de cette séance. Notion transversale, elle est à la base de toutes les sciences et les fonde dans la mesure où elle permet la discrimination de leurs objets d'étude (classification) et la production de leurs caractéristiques. Il est donc important de s'assurer que les élèves, à cet âge, la comprennent bien. Agnès Le Dem, pour sa séance sur le classement de documents publicitaires, avait eu l'idée de l'introduire par l'exemple de l'élection de la meilleure tarte aux pommes (voir fiche n°48 ), définissant rapidement avec les élèves différents critères. Par la suite, la distinction primaire des classements adoptés pour les collections de documents au CDI se comprendrait plus aisément en distinguant les critères de propriété intellectuelle (nom de l'auteur) pour les œuvres de fiction, de contenus pour les livres documentaires (indice de la classification), de dénomination pour les documents périodiques (titre de la collection). L'idée principale est bien qu'un classement est le produit d'un choix de critère auquel on se tient pour ordonner une collection dans un espace et assurer le rangement pérenne de ses unités. Le choix de ce critère peut être saisi comme la « clé » du classement : clé alphabétique ou numérique, formelle (le format, la couleur), chronologique, thématique ou séquentielle (n° d'inventaire).
• La notion « Classement » est envisagée dans cette séance comme un pont vers la notion « Classification ». C'est en effet lorsqu'il s'agit du classement des livres documentaires que l'enseignante en profite pour «  explique[r] rapidement le principe de la classification Dewey ». On suppose alors qu'une séance sur la classification pourrait prolonger celle-ci. Il est donc important de souligner la différence entre « classement » et « classification » et, par conséquent, de bien définir la première et de s'assurer qu'elle devient une connaissance structurée pour chaque élève. A la différence de la classification, opération intellectuelle qui s'intéresse à l'organisation de connaissances en un système ordonné de classes » (Jouguelet, 1998) dans une logique d'indexation, le classement est une opération matérielle visant à mettre en ordre des documents dans un espace et où la position de chaque document est signalée par une cote. Si la classification peut-être comprise comme un travail antérieur, voire préliminaire au classement, celui-ci s'en distingue par les nombreux ajustements qu'il en fait, soit pour répondre aux besoins du public, soit pour se plier aux exigences de l'espace disponible. Le classement participe ainsi d'une logique d'adaptation. Ainsi dans la plupart des CDI, un choix de classement a été opéré pour séparer les livres de fiction du fonds documentaire organisé par les classifications dans lesquelles ils avaient pourtant toute leur place. A l'intérieur même du fonds de fiction sont généralement extraits les bandes dessinées et à l'intérieur de celles-ci les mangas et les comics... Il serait dès lors intéressant de réfléchir avec les élèves aux critères qui ont déterminé ces plans de classement et à quels enjeux ils sont associés, telles la promotion de la lecture ou l'accessibilité des documents.
• Des propositions de niveau de formulation sont disponibles pour ce niveau débutant. Citons parmi elles le Wikinotions de l'APDEN, où les caractéristiques composant la notion sont bien détaillées :
  • «  Un classement désigne l’ensemble des opérations de mise en ordre qui permettent de situer physiquement les documents d’un fonds ou d’un fragment de fonds dans un espace. Il désigne le rangement matériel des documents sur un rayonnage. Un classement donne généralement lieu à la constitution d’une cote apposée au dos d’un livre et à une signalétique explicite pour l’usager. »
    En des termes plus proches des compétences linguistiques des élèves, mais excluant les notions corrélées de « Cote » et de « Signalétique », nous disposons également d'un travail produit par des étudiants des ESPE de Caen et de Rouen, dirigés par Nicole Clouet et Agnès Montaigne :
  • «  Action qui permet de ranger un document selon un ordre établi. Le document pourra être facilement retrouvé. Il existe différents types de classement : chronologique, par ordre alphabétique, par thème. »

Structuration des connaissances 

• La phase de structuration des connaissances manque à cette séance. Il faudrait pouvoir mettre une nouvelle fois chaque élève à l'épreuve sur un petit corpus matériel et lui demander d'argumenter son classement par écrit et/ou simplement lui proposer d'expliquer ce qu'est le classement, en quoi il consiste et à quoi il sert dans un CDI ou une bibliothèque et pour l'utilisateur. A charge pour l'enseignant de s'assurer que chacune des caractéristiques de la notion que l'on souhaite voir mobiliser par l'élève pour construire sa propre définition ait été rencontrée et travaillée pendant la séance.

Évaluation des apprentissages 

• Une évaluation des apprentissages est prévue en fin de séquence, aussi n'est-elle pas disponible sur cette fiche.

Conclusion 

• Si la classification a été jusque là généralement étudiée au début du collège, celle de classement l'a rarement été, ce qui fait l'intérêt de cette séance. L'approche par la manipulation d'objets communs et d'objets documentaires est également à remarquer, offrant un exemple simple de méthode active investigative. Pour compléter éventuellement cette séance, il serait intéressant de partir davantage des pratiques des élèves et de leur offrir, en fin de séance, la possibilité de structurer cette connaissance en s'appuyant sur un niveau de formulation pré-établi. Enfin, le titre pourrait être infléchi vers « Classer les documents » afin de mieux correspondre à la réalité de la séance comme à celle de la notion.

Ressource(s)

Ressources didactiques
- FADBEN. Wikinotions infodoc. FADBEN. s.v. Classement
Ressources professionnelles
- Accart Jean-Philippe, Réty Marie-Pierre. “Le plan de classement”. in *Le métier de documentaliste.Le Cercle de la Librairie, 2003. pp. 201-202
- Boulogne Arlette (Coord.). Vocabulaire de la documentation. ADBS, 2004. s.v. « Classement »
- ENSSIB. Le dictionnaire. [MàJ 2013]. s.v. Classement
Ressources scientifiques
- Jouguelet Suzanne. “Classement”. In Cacaly Serge (Dir.). Dictionnaire encyclopédique de l'information et de la documentation. Nathan, 1998. pp. 135-136
- Classer, penser, contrôler. Hermès, La Revue 2013/2, n°66

blog personnel

Nallathamby Marie. Classer l’information : pourquoi ? Comment ?. Doc à bord, 10-2015